Tecniche colturali della tradizione italiana. Firenze, Leo S. Olschki, 2009, XVI-175 p., illustr.
Massimo de Vico Fallani, Il vero giardiniere coltiva il terreno. Tecniche colturali della tradizione italiana. Firenze, Leo S. Olschki, 2009, XVI-175 p., illustr.
Il y a plusieurs grandes traditions d’horticulture savante en Europe. Celle de l’Italie est la plus ancienne et a longtemps été une des plus importantes. Mais elle connut au XXe siècle une période de déclin prononcé et c’est pour cette raison, nous expliquent L. Tongiorgi Tomasi et L Zangheri dans la Préface, que la bibliographie de Il vero giardiniere est si courte, bien qu’exhaustive : 57 titres seulement, dont plus de la moitié sont antérieurs au XXe siècle. C’est le résultat d’une situation qui, ajoute l’auteur dans son Introduction, n’a commencé à changer qu’après 1980. Il s’est tenu cette année-là à Florence, sous l’égide de l’ICOMOS, un colloque qui réintégra les jardins dans l’ensemble du patrimoine architectural et paysager de l’humanité, et qui redonna donc à l’art des jardins de nouvelles lettres de noblesse.
Il vero giardiniere n’est pas un ouvrage facile à classer. Ce n’est pas un manuel ni un traité technique, bien que les techniques y occupent le premier rang. Ce n’est pas non plus un livre d’histoire, bien que le passé y soit très présent. Disons que c’est une sorte de guide, d’introduction, où l’auteur s’efforce de faire découvrir à ses lecteurs toute la richesse d’un art dont il a été un des représentants les plus qualifiés. Un art qui prend appui sur des savoirs traditionnels qu’il s’agit de faire revivre, sans pour autant ignorer les apports des sciences et des techniques les plus modernes. Mais ces apports sont au service de la tradition, ne serait-ce que par la nécessité de comprendre et d’entretenir les jardins anciens, si nombreux en Italie.
L’ouvrage compte onze chapitres, consacrés respectivement : au terrain, à l’irrigation, aux engrais, à la taille des arbres, aux maladies des plantes, aux pépinières, aux cultures en pots ou en caisses, aux orangeraies, aux pelouses, aux roses et aux haies. Les chapitres sur la taille et sur les pépinières sont ceux qui m’ont le plus intéressé. La taille, notamment, est un art complexe, qui paraît toujours bien mystérieux au profane, et dont il est très difficile de rendre compte par l’écrit et l’image seuls. Quant aux pépinières, il est question dans ce chapitre de la transplantation des arbres, qui lorsque ceux-ci sont déjà hauts, exige des moyens tout à fait spectaculaires. Si je peux exprimer un regret, c’est de n’avoir pas trouvé de chapitre sur le greffage, un art assez proche de la taille et qui est probablement aussi complexe que celle-ci. ; un art enfin dont l’histoire me semble particulièrement mal connue.
Peut-être cet « oubli » résulte-t-il du choix de l’auteur, qui est de traiter des jardins d’agrément ― jardins des demeures riches, nobles et princières, jardins publics, etc. Que ces jardins soient considérés comme des œuvres d’art au même titre que des monuments architecturaux ou autres, rien de plus juste. Faut-il pour autant ignorer tous ces jardins de banlieue où, jusque dans les années 1950 ou 1960, étaient produits la majeure partie des fruits, légumes et fleurs achetés dans nos villes ? Et où tant de variétés diverses ont été créées par des sélectionneurs anonymes ? Je ne reproche pas à Massimo de Vico Fallani de ne pas avoir traité de ces jardins-là, puisque tel n’était pas son propos. Mais fallait-il les ignorer aussi complètement, alors même qu’on se demande si les jardins princiers auraient pu être ce qu’ils ont été si ces jardins « ordinaires » ― et les jardiniers qui y travaillaient ― n’avaient pas existé ?